75 – Willy Ronis

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Un petit gar­çon qui court sa baguette sous le bras, une sil­houette nue pen­chée à sa toi­lette, une ouvrière haran­guant ses cama­rades dans une usine en grève : les images de Willy Ronis sont autant d’icônes du « réa­lisme poé­tique ». Dis­pa­ru en 2009 à presque 100 ans, le plus enga­gé des pho­to­graphes huma­nistes laisse der­rière lui une oeuvre majeure et fra­ter­nelle. Ses plus célèbres pho­tos sont réunies dans le nou­vel album de Repor­ters sans frontières.

Proche des gens de peu dont il est issu, et libre com­pa­gnon du Par­ti com­mu­niste, Willy Ronis est estam­pillé pho­to­graphe de gauche dès le début de sa car­rière. Pour une presse illus­trée avide d’images, il part cou­vrir, en porte-dra­peau du Front popu­laire, les grèves, les mani­fes­ta­tions, les condi­tions de vie des ouvriers, mais aus­si les pre­miers départs en vacances, les guin­guettes du bord de Marne, les ban­lieues nou­velles qui sortent de terre.

« Elle a été immé­diate, cette conscience poli­tique, elle ne m’a pas quit­té. Je mour­rai avec le coeur très à gauche, comme j’ai vécu .»

Dans les rues de Paris – et par­tout ailleurs – son sens de la com­po­si­tion et son ins­tinct inné du pla­ce­ment font mouche à chaque déclen­che­ment. Fai­sant son miel de la vie comme elle va, dans l’intimité de sa mai­son de Gordes, la com­pli­ci­té de gamins de Ménil­mon­tant ou le regard d’artistes amis, Willy Ronis prouve à chaque image, sans sen­ti­men­ta­lisme ni sou­ci du scoop, qu’il est l’un des plus authen­tiques repré­sen­tants de la pho­to­gra­phie dite huma­niste, celle de la com­pas­sion pro­fonde et du bon­heur mal­gré tout.

Tom­bé dans l’oubli dans les années 1970, reve­nu en grâce à la faveur de la paru­tion de son ouvrage Sur le fil du hasard en 1980, Ronis est un mili­tant de l’ordinaire. Celui qui se rêvait peintre ou musi­cien a réus­si à com­po­ser et à impo­ser une oeuvre sou­riante et nos­tal­gique qui dépasse le simple cadre de la « pho­to­gra­phie huma­niste » et se déploie sous le triple signe de la liber­té du regard, du rêve de l’égalité et de l’idéal de la fraternité.

Avec les contri­bu­tions inédites de Pierre-Jean Amar, Didier Dae­nin­ckx, Fran­cine Derou­dille, Emma­nuel Khé­rad, Guy Le Quer­rec, Tan­gui Per­ron, Gabrielle de la Selle et Gérard Ufé­ras.